Appel pour sauver le fret : trois questions à Jean-Pierre AUDOUX (Ville, Rail et Transports - 15/07/2009 - p. 73)
Ville, Rail & Transports : Pourquoi la FIF a-t-elle accepté de cosigner ce texte ?
Jean-Pierre Audoux : La profession croit fortement en l'avenir d'opérateurs de fret de proximité en France. Il convient de rappeler que la FIF a introduit ce sujet lors des débats du comité opérationnel fret qui se sont déroulés dans le cadre du Grenelle de l'environnement. La FIF est également membre de la cellule d'appui aux OFP, constituée par le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, autour de Jacques Chauvineau.
Ville, Rail & Transports : Ce plaidoyer pour les OFP tranche quelque peu avec les propos pessimistes tenus actuellement par la SNCF et notamment par Pierre Blayau. Peut-on parler aujourd'hui d'un désaccord, voire d'une opposition aux thèses défendues par ce dernier sur l'avenir du fret ferroviaire ?
Jean-Pierre Audoux : Je ne le pense pas, cela pour deux raisons. Tout d'abord parce que le business model et le métier même d'OFP sont complémentaires et non redondants... par conséquent, non concurrentiels vis-à-vis de l'activité fret longue distance de la SNCF Ensuite, le retour d'expérience que l'on a aujourd'hui concernant les OFP en Europe (Allemagne, Suède...) pour ne pas parler de l'Amérique du Nord, montre bien que le développement des OFP peut être un élément favorable pour relancer l'activité des grands opérateurs fret mais qu'a contrario il ne peut se faire qu'avec la coopération de ces grands opérateurs. De plus, M. Blayau a déclaré dans son interview au Figaro du 25 juin dernier qu'il souhaitait soutenir «les OFP, plus réactifs et plus souples ».
Ville, Rail & Transports : Que manque-t-il, alors, à la démarche OFP pour démarrer concrètement ?
Jean-Pierre Audoux : Principalement deux choses, sachant que le contexte de crise actuel est évidemment beaucoup plus handicapant que favorable. Premièrement, il est nécessaire de disposer d'outils et supports pédagogiques appropriés à la démarche. Ensuite, un cadre législatif et réglementaire permettant aux OFP d'exercer leur activité dans des conditions économiques pertinentes est également un impératif. De fait, ce business model n'est viable que s'il peut s'appuyer sur des coûts d'accès et des référentiels pertinents pour des PME-PMI. Nous avons de bonnes raisons d'espérer que ce dossier avance rapidement au cours des six mois à venir, d'autant que des acteurs locaux routiers ou logisticiens travaillent activement à la création d'OFP dans diverses Régions.